Parachutiste mort pour la France
"Télégramme du Ministère de l' Intérieur annonçant à monsieur François SORO le décès de son fils Francis "
Quelques rappels sont nécessaires pour bien situer ce drame .
23 - 24 Avril 1961 : Putsch dit des Généraux à ALGER très rapidement suivi de la dissolution d'unités censées avoir pris une part active à la révolte .
11 juillet 1961 : Début d'installation du 1° RCP à MOULINS les METZ .Les 10° et 25° Divisions Parachutistes n' existent plus La 11° DLI a été créée
14 Juillet 1961: le 1° RCP fait son entrée officielle à METZ à l' occasion du défilé traditionnel pour la Fête Nationale .
19 - 20 Juillet 1961: Mise en alerte du 1° RCP pour une intervention à BIZERTE
( voir à propos de ces différents thèmes les témoignages "Le 1° RCP et le Putsch" " MOULINS les METZ " sur le site www.campidron.fr )
Ambiance à METZ et sa région .
L'insécurité règne du fait des agissements du FLN qui a porté la guerre en FRANCE métropolitaine et de la pègre maghrébine qui organise prostitution et trafics en tous genres afin d'alimenter les caisses du FLN .La population Française excédée subit passivement cette situation que personne ne peut ignorer, puisque certains quartiers sont sous contrôle de cette pègre et que d'une manière générale les rues ne sont plus sures dès la nuit tombée .
Le bal du 14 Juillet 1961 donnera lieu à quelques échauffourées entre maghrébins et Chasseurs Parachutistes .
Le café- dancing "le Trianon " de MONTIGNY les METZ qui ouvre ses portes les Jeudi , Samedi et Dimanche a été le théâtre de nouveaux affrontements entre Parachutistes et maghrébins le Jeudi 20 et le Samedi 22 Juillet 1961 . Plusieurs parachutistes sont blessés de coups de couteau
"Excellent résumé de la situation dans la région et de l' action du FLN"
" Pouvait il en être autrement ? Qui pouvait croire que moins de 15 jours après avoir quitté , avant la fin des hostilités ,leurs théâtres d' opérations en ALGÉRIE les Parachutistes allaient supporter de se laisser dicter leur conduite par le FLN , chez eux en FRANCE métropolitaine ?"
" Il est étonnant que les autorités aient attendu l' assassinat de soldats Français pour procéder à ce genre de contrôles "
" La aussi il est étonnant que les autorités n' aient pas fait le lien entre ce type d' établissement et le FLN ...En réalité il y a longtemps ,pour le Gouvernement ,que l'issue de la guerre d' ALGÉRIE était scellée .Pour ceux qui auraient la naïveté d' en douter ..comment expliquer l' éloignement de l' ALGÉRIE , presque un an avant le cessez le feu , de l' équivalent d'une Division Parachutiste ? L'objectif prioritaire était de mener à bien, coute que coute, les Accords d'EVIAN et pour cela il convenait d'éviter tout sujet de discorde avec le FLN non seulement en ALGÉRIE , déjà virtuellement abandonnée ,mais aussi sur le territoire métropolitain"
" Cette coupure de journal indique clairement que les parachutistes étaient plus désireux de danser et de se distraire ,comme tous les jeunes gens de leur age ,que d' en découdre avec leurs agresseurs de la veille "
'" Meurtre gratuit du Parachutiste Henri BERNAZ du GLA (Groupement de Livraison par Air ).unité stationnée à METZ au quartier RAFFENEL . Les tueurs ont abattu ce parachutiste non seulement désarmé ,mais gisant au sol "
" Se lançant courageusement à la poursuite des assassins du FLN le Parachutiste Francis SORO est à son tour mortellement atteint par ces lâches terroristes .Ce qu'ils s'interdisaient de faire dans les djebels nos camarades Parachutistes l'ont subi en FRANCE lors de quartiers libres. "
" Tirer sur des personnes désarmées n' est rien d' autre que du terrorisme ..c' est à dire l' arme des lâches. Il est certain que ce type d' action comportait moins de risques que de défendre ses idées dans les Djebels Algériens "
" Reconstitution avec photo annotée du lâche attentat La silhouette allongée au sol est celle du Parachutiste Henri BERNAZ "
" Bilan des Parachutistes blessés lors des affrontements .Ce bilan très édulcoré s'ouvre avec notre camarade le Caporal Jean Paul REGALDI "
" En 1961 après plus de 6 ans de Guerre en ALGERIE on constate qu' à leur retour dans la "mère - patrie" nos soldats sont confrontés à des "medinas "ennemies dans les villes de FRANCE ...Cette incongruité ne semblait guère émouvoir les politiques du moment ...Quant aux Français leur maitre de l' époque les traitait de veaux , à juste titre semble t il ..."
" Au moins les assassins ont ils été arrêtés ...les apparences sont à peu près sauves pour le gouvernement gaulliste ."
" Qu' est il advenu de ces assassins ? Leur séjour en prison fut bien bref .En effet bénéficiant de la mise en application des funestes accords d' EVIAN ils seront relâchés après le 19 Mars 1962.On peut même imaginer qu'ils résident toujours en FRANCE profitant de nos lois sociales sans équivalent dans le monde...parce que si le gouvernement gaulliste a refusé d' accueillir les FSNA et leurs familles , il a accueilli à bras ouverts nos ennemis . A l' évidence la FRANCE regorge maintenant de membres et de sympathisants du FLN accompagnés de leurs familles auxquels outre les avantages sociaux la V° République accorde même des indemnités pour dommages de guerre "
" Beau communiqué de presse , dans le plus pur style "langue de bois" ou chacun est censé trouver son compte .Les mesures prises nous les connaissons bien : les parachutistes seront expédies sous d' autres cieux jugés moins sensibles le long des Pyrénées. Le problème sera résolu ,le FLN pourra tranquillement poursuivre son combat et le gouvernement gaulliste mener à leur terme les honteux Accords d' EVIAN."
" Encore plus fielleux les communiqués de presse du MRAP et de la Ligue des Droits de l' Homme occultent sciemment les questions les plus élémentaires .Comme par exemple : Est il tolérable que des terroristes Algériens du FLN abattent des soldats Français en quartier libre en FRANCE hors de tout contexte opérationnel ?
Ou encore : Comment justifier les morts et les souffrances endurées par les jeunes Français envoyés combattre en ALGÉRIE si sur le sol national on tolère que le FLN s'organise impunément au point de dicter sa loi ? "
Qui était Francis SORO , Appelé Volontaire Parachutiste au 1° RCP ? Les trois insignes ci dessus , collés sur sa valise, nous apportent les principaux éléments de réponse .Francis SORO était un Français d' ALGERIE autrement dit un Pied Noir,( pour utiliser un vocable moins répandu que l'on croit avant les années 60 ), originaire de SIDI BEL ABBES ou il était né le 30 Juillet 1939 .Désireux de s' engager à fond pour défendre son pays et assurer la sécurité des siens il avait choisi les Parachutistes .
Appelé le 1° septembre 1959 au titre du contingent 1959 fraction 2/A il est dirigé depuis ALGER sur le C.I. 18° RCP au CAMP d' IDRON ( PAU ).
Il est de retour , après les classes et la formation pre AFN ,sur le sol ALGERIEN le 22 Février 1960 et rejoint PHILIPPEVILLE au sein de la 1° Compagnie - VERT - le 2 Mars 1960 .
Après 16 mois de crapahuts et de combats pratiquement ininterrompus il doit ,la mort dans l' âme ,quitter son pays natal , et abandonner les siens en ALGERIE pour se retrouver à MOULINS les METZ en début Juillet 1961.
" Nous n'insisterons jamais assez sur la détermination de Francis SORO à vouloir lutter pour la cause de l' ALGÉRIE FRANÇAISE et sur son souci permanent de contribuer directement à la sécurité des siens ."
"Francis en attente derrière la housse à parachutes qu'il vient de percevoir .En arrière plan des petits gosses venus assister à la séance de sauts .Après le saut pliage sommaire du parachute ."
A PAU Francis SORO logera dans deux casernements .celui du C.I. 18° RCP au Camp d' IDRON et celui de la BETAP au Camp d' ASTRA lors de son stage de Brevet .
" Tour de saut au Camp d' IDRON . On reconnait en arrière plan les bâtiments de ce qui deviendra la 2° Compagnie du 1° R.C.P. "
Curieusement cette photo est pratiquement la seule de l'infrastructure du Camp d' IDRON , ou pourtant il séjourna pendant plus de 4 mois . Le temps des classes ( Formation Commune de Base - FCB - et Complément à la FCB - CFCB -chacune de 2 mois ) Probablement n' avait il encore pas acheté d' appareil photographique .Pendant les premiers 18 mois les soldats n' étaient pas payés ...c' est sans doute après l'obtention du Brevet que ses indemnités pour services aériens lui ont permis cet achat .
" 4 copains - Francis à droite - photographiés dans un chalet du CI 18 au Camp d' IDRON .Un lit de camp , une armoire bois et une planche à paquetage à la tète du lit , constituent l' austère environnement de chaque para. Ils sont en survêtement et viennent de percevoir le pain pour le petit déjeuner .sous chaque lit les chaussures alignées .sortie, rangers paires 1 et 2 , espadrilles de sport .Devant eux un transistor pour écouter les chansons à la mode et les informations sur la Guerre d' ALGERIE .Nous devons être un dimanche matin ,peut être un Week end de vaccination TABDT , sans quoi ces parachutistes seraient occupés à des activités d'instruction .,"
" Pause pendant un cours d' armement sur le P.M. 1938 .( arme dont n' étaient plus dotés que les gendarmes et quelques troupes supplétives ) Au sol les toiles de tente pour le montage / démontage des armes .Les chalets en arrière plan ,s'ils sont bien comme nous le pensons ceux du CI 18 RCP, ont été démolis pour être remplacés par des chalets "en dur avant d' accueillir le 1° RCP"
" Groupe de copains dont certains arborent un Brevet tout neuf .C' est le cas de Francis accroupi à droite . Il est en tenue de sortie ,blouson / pantalon modèle 46 . Sur son épaulette gauche le brevet de Parachutiste prémilitaire passé en ALGERIE . Sur la poche droite sous le Brevet ils portent l'insigne du 18° RCP Ils sont coiffés du Beret Rouge .Certains blousons sont équipés d'un insigne de grande unité , dans le cas présent on dirait celui de la 25 ° DP "
Fin Février 1960 Francis SORO ayant fini ses classes et obtenu le Brevet de Parachutiste est de retour en ALGÉRIE Il est affecté à la 1° Compagnie du I° R.C.P. Sur son transistor il a suivi les évènements d' ALGER et l' épisode dit "des Barricades " fin Janvier 1960 .Comme tout le monde en Algérie il doit être plein d' espoir dans l' avenir . Quand il débarque à ALGER pour rejoindre son Régiment il ignore que le 1° RCP a été changé de Division et que quittant la 10° DP pour la 25 ° DP il ne sera plus à ALGER mais devra rejoindre de nouveaux casernements à PHILIPPEVILLE
A son départ pour l' AFN on lui a remis , ainsi qu' à ses camarades une petite brochure intitulée "SERVIR en ALGÉRIE un guide à conserver en toute circonstance "qui en une trentaine de pages constitue une présentation synthétique des Départements Français d' ALGÉRIE
2 :"Bien que ne sachant probablement pas tout ce qui est inscrit dans ce livret Francis a du sourire en le recevant .En tout cas il l' a conservé ce qui est loin d' être le cas général car c' est le premier exemplaire qui nous soit parvenu "
"Les salaires doivent être lus dans leur unité de valeur du moment c' est à dire en anciens francs .Ainsi en 1960 une paire de rangers paraboot coutait 9 000 francs ce qui relativise un pret mensuel de 900 francs .A supposer qu'il économise drastiquement un soldat pouvait acheter une paire de rangers au bout d'un an de salaires cumulés "
"Présentation succincte du peuplement de l' ALGÉRIE On pourrait s' étonner de ne pas voir figurer les Israélites qui ne sont ni européens ni arabo berbères .Depuis le décret CREMIEU ils ont obtenu la citoyenneté française ....Les Algériens ne pardonneront jamais à la FRANCE ce favoritisme à leurs yeux inexplicable "
"Quelques chiffres ..On ne peut totalement décrire l' ALGÉRIE en 30 pages , cette brochure avait l' avantage d' exister .Chacun , se familiarisant au jour le jour avec son nouvel environnement pouvait enrichir ses connaissances par sa propre expérience. "
Dès son retour au pays natal Francis s' est acheté une carte routière au I/1 000 000 sur laquelle il notera systématiquement les zones ou il a crapahuté ainsi que les irinéraires suivis .
" Autour de PHILIPPEVILLE .Dans la région d' EL MILIA .Dans la région de CONSTANTINE ."
"Dans les AURES autour de BATNA "
"Le long de la frontière tunisienne autour de SOUK AHRAS "
"En PETITE KABYLIE et dans le Massif des BIBANS"
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